Bonne année à tout le monde !
Je reviens vers vous après des vacances de fin d’année un peu chargées, et un certain temps de latence du à des aléas de santé encore une fois.
Mais je reviens surtout plein d’enthousiasme, avec une bonne lecture sous le bras.
Alors, c’est 100% subjectif, mais ça faisait un sacré bout de temps qu’un supplément de background ne m’avait pas autant secoué, ni stimulé les méninges.
Ce bouquin, malheureusement, n’est pour l’instant disponible qu’en anglais, et je ne crois pas qu’on puisse en avoir une traduction dans un avenir proche (EDIT: GRÂCE À UN COMMENTATEUR INCONNU, J'APPRENDS QU'UNE VF EST À PARAÎTRE CHEZ BLACK BOOK ÉDITION. Ô JOIE) ; parce que la gamme dont il fait partie n’a pas encore titillé d’éditeur francophone, et c’est pas forcément sans raison.
Le bouquin en question, c’est VEINS OF THE EARTH, supplément pour le jeu Lamentations of the Flame Princess.
Un petit mot sur le jeu sus nommé d’abord. Lamentations of the Flame Princess, c’est un jeu OSR qui est une réinterprétation légèrement bricolée du Original Dungeons & Dragons, avec un côté un peu métal et tragique. Mécaniquement, il est pour ainsi dire un clone de D&D, et il se démarque surtout par son ambiance un peu désespérée et bizarre, dans le style Weird Fantasy (c.à.d. une fantaisie un peu teintée de SF et d’étrange, techniquement pré-Tolkienienne, même s’il y a déjà des Elfes et des Nains).
Le jeu et ses suppléments se distinguent donc par une note d’intention, de ton et de thématique spécifique, qui sort un peu de la fantaisie plus lissée qu’on peut facilement trouver dans certains jeux grand public.
Ce supplément en particulier, donc, s’intéresse aux mondes souterrains des campagnes de médiéval fantastique. En effet, depuis le vénérable ancêtre D&D, l’existence d’un univers complètement souterrain, dans les profondeurs du monde, avec son écologie et ses civilisations, est un standard qu’on respecté presque toutes les itérations suivantes du jeu et ses cousins ludiques.
Lamentations of the Flame Princess ne coupe donc pas court à cette option, et la description de leur variante de cette monde souterrain est l’objet de Veins of the Earth.
Alors je peux le dire de suite, j’ai rarement été aussi enthousiasmé par un supplément de background, et je n’hésite pas à mettre celui-là dans mon palmarès personnel directement aux côtés de Planescape, tant je le trouve inspirant et plein de bonnes idées à tous les coins de page.
Mais Veins of the Earth ne plaira pas à tout le monde, d’abord à cause d’une approche très particulière en matière de style.
En effet, et l’auteur, Patrick Stuart, s’était déjà fait connaître pour ce fait avant, l’écriture du supplément est quelque peu viscérale et impressionniste, plutôt que technique et académique. Les métaphores, les comparaisons aux consonances poêtiques et les figures de style abondent, et prennent largement le pas sur l’informatif pur et dur dans le texte, de telle façon que le contenu du bouquin vise à toucher d’abord l’imagination et l’émotion plutôt que le factuel.
Perso, je suis totalement fan, mais ceux qui préfèrent leur background sur une note plus encyclopédique risquent de faire la moue. C’est vraiment une question de goût, mais il est peu probable que la lecture de Veins of the Earth vous laisse indifférent.
Je pense qu’on aime ou qu’on déteste.
Et dans la construction du bouquin, c’est un peu pareil. Ainsi, Veins of the Earth s’ouvre directement, et sans véritable préambule (en dehors d’une courte préface en note d’intention) sur le bestiaire, une créature après l’autre. C’est très direct, et ça vise à dresser un tableau de la vie fantastique d’en dessous directement avec la faune en question, au plus près de l’action.
C’est un parti pris.
Enfin, il y a les illustrations, signée Scrap Princess. C’est un plume que l’on a déjà vu associée à Stuart dans d’autres suppléments, mais ce n’est pas non plus un choix anodin. En effet, tout le trait est volontairement gribouillé, exagéré, vif en couleurs ou totalement en noir et blanc, pour donner des impressions et des ressentis plutôt que des illustrations techniques et détaillées. Encore une fois, c’est un choix de style et personnellement, je trouve qu’il va totalement avec le reste de l’ouvrage, mais il va certainement déplaire autant qu’il va séduire.
Donc, dans l’ensemble, on peut déjà dire que ce supplément est fait pour tout sauf l’indifférence, et que si on n’adhère pas aux choix artistiques qui y sont faits, on risque d’avoir du mal à s’enquiller le contenu.
Et le contenu, justement, je vais en parler. Parce que je trouve ce supplément génial, et pas que pour Lamentations of the Flame Princess.
Veins of the Earth part d’une idée simple. C’est celle de revoir le concept de monde souterrain fantastique à travers le prisme de l’émerveillement et de la terreur de la spéléologie et de la géologie, plutôt que de proposer simplement un univers de jeu se situant en sous sol.
Et ça, ça marque tout dans le livre.
Depuis les créatures (parfois plus bizarres les unes que les autres) en passant par les civilisations (décrites de manières très différentes et stylisées, en plus d’être des variations parfois fondamentales sur les exemplaires habituels de D&D) et la topographie, tout est claustrophobique, étranger et potentiellement hostile (si ce n’est par intention, au moins par nature intrinsèque).
Un chapitre entier est consacré à l’usage, les sources et le commerce de la lumière, à la fois denrée vitale, monnaie et système d’initiative dans le dédale des Veines.
Le bestiaire présente les créatures avec des entrées spécifiques pour le son et les odeurs, parce qu’il sera bien plus fréquent d’entendre et de sentir quelque chose avant de le voir arriver dans le maigre halo d’illumination du groupe.
L’inspiration et l’originalité qui transpire de cet écosystème hallucinant est d’ailleurs une mine d’idée pour plus que de simples rencontres ; ce sont des idées d’aventures, voire de campagnes entières, qui peuvent se tisser autour de certaines bestioles parfois.
D’ailleurs, bestioles est un mot à prendre au sens large, tant certaines des entrées du bestiaire peuvent relever davantage du phénomène (plus ou moins) naturel qui va se manifester de manière hautement colorée, et souvent dangereuse, pour les PJs.
Il y a un système dédié, un peu abstrait et très bien pensé, pour créer et gérer la cartographie en trois dimensions de dédales souterrains qui sont tout sauf des couloirs et des escaliers bien droits et praticables… Il peut d’ailleurs être amusant de ne pas le partager avec les joueurs au départ, tant que les personnages n’ont pas l’expérience ou l’enseignement nécessaire pour apprendre à s’orienter sous terre.
Le livre ne fait pas l’impasse non plus sur les ressources que l’on doit gérer, trouver et éventuellement même cultiver dans les cavernes des Veines, et les MJs les plus acharnés pourront même imposer aux joueurs des règles brutales et efficaces sur la santé mentale et sa dégradation loin du soleil et du réconfort de la surface…
Enfin, le livre regorge aussi de petites pépites d’inspiration purement narrative, comme par exemple un petit chapitre très complet sur les différentes formes de ténèbres, autant d’ambiances descriptives qui remplacent pour les habitants du dessous la météo et le rythme circadien.
Et encore une fois, je ne saurais trop appuyer sur la qualité que je trouve à l’ensemble de l’écriture, qui transmet en plus des idées souvent géniales une véritable envie de mettre en scène et de jouer ces profondeurs étrangères, inquiétantes, et merveilleuses.
En bref, l’ouvrage m’a suffisamment marqué pour que je le recommande chaudement à tout anglophone faisant vaguement du médiéval fantastique ; si vous voulez un monde souterrain différent, viscéral et vraiment marquant, ce livre est une boîte à outils indispensable pour repenser votre vision des profondeurs de la terre, et y injecter un peu de nouveauté.
Le fait que l’ensemble soit vraiment profondément jouable, en plus d’être passionnant, est l’argument qui fait pour moi ce supplément définitivement un must.
Voilà.
Je reviens vers vous après des vacances de fin d’année un peu chargées, et un certain temps de latence du à des aléas de santé encore une fois.
Mais je reviens surtout plein d’enthousiasme, avec une bonne lecture sous le bras.
Alors, c’est 100% subjectif, mais ça faisait un sacré bout de temps qu’un supplément de background ne m’avait pas autant secoué, ni stimulé les méninges.
Ce bouquin, malheureusement, n’est pour l’instant disponible qu’en anglais, et je ne crois pas qu’on puisse en avoir une traduction dans un avenir proche (EDIT: GRÂCE À UN COMMENTATEUR INCONNU, J'APPRENDS QU'UNE VF EST À PARAÎTRE CHEZ BLACK BOOK ÉDITION. Ô JOIE) ; parce que la gamme dont il fait partie n’a pas encore titillé d’éditeur francophone, et c’est pas forcément sans raison.
Le bouquin en question, c’est VEINS OF THE EARTH, supplément pour le jeu Lamentations of the Flame Princess.
Lamentations of the Flame Princess ?
Un petit mot sur le jeu sus nommé d’abord. Lamentations of the Flame Princess, c’est un jeu OSR qui est une réinterprétation légèrement bricolée du Original Dungeons & Dragons, avec un côté un peu métal et tragique. Mécaniquement, il est pour ainsi dire un clone de D&D, et il se démarque surtout par son ambiance un peu désespérée et bizarre, dans le style Weird Fantasy (c.à.d. une fantaisie un peu teintée de SF et d’étrange, techniquement pré-Tolkienienne, même s’il y a déjà des Elfes et des Nains).
Le jeu et ses suppléments se distinguent donc par une note d’intention, de ton et de thématique spécifique, qui sort un peu de la fantaisie plus lissée qu’on peut facilement trouver dans certains jeux grand public.
Les Veines de la Terre
Ce supplément en particulier, donc, s’intéresse aux mondes souterrains des campagnes de médiéval fantastique. En effet, depuis le vénérable ancêtre D&D, l’existence d’un univers complètement souterrain, dans les profondeurs du monde, avec son écologie et ses civilisations, est un standard qu’on respecté presque toutes les itérations suivantes du jeu et ses cousins ludiques.
Lamentations of the Flame Princess ne coupe donc pas court à cette option, et la description de leur variante de cette monde souterrain est l’objet de Veins of the Earth.
Un ton et un style, avant tout
Alors je peux le dire de suite, j’ai rarement été aussi enthousiasmé par un supplément de background, et je n’hésite pas à mettre celui-là dans mon palmarès personnel directement aux côtés de Planescape, tant je le trouve inspirant et plein de bonnes idées à tous les coins de page.
Mais Veins of the Earth ne plaira pas à tout le monde, d’abord à cause d’une approche très particulière en matière de style.
En effet, et l’auteur, Patrick Stuart, s’était déjà fait connaître pour ce fait avant, l’écriture du supplément est quelque peu viscérale et impressionniste, plutôt que technique et académique. Les métaphores, les comparaisons aux consonances poêtiques et les figures de style abondent, et prennent largement le pas sur l’informatif pur et dur dans le texte, de telle façon que le contenu du bouquin vise à toucher d’abord l’imagination et l’émotion plutôt que le factuel.
Perso, je suis totalement fan, mais ceux qui préfèrent leur background sur une note plus encyclopédique risquent de faire la moue. C’est vraiment une question de goût, mais il est peu probable que la lecture de Veins of the Earth vous laisse indifférent.
Je pense qu’on aime ou qu’on déteste.
Et dans la construction du bouquin, c’est un peu pareil. Ainsi, Veins of the Earth s’ouvre directement, et sans véritable préambule (en dehors d’une courte préface en note d’intention) sur le bestiaire, une créature après l’autre. C’est très direct, et ça vise à dresser un tableau de la vie fantastique d’en dessous directement avec la faune en question, au plus près de l’action.
C’est un parti pris.
Enfin, il y a les illustrations, signée Scrap Princess. C’est un plume que l’on a déjà vu associée à Stuart dans d’autres suppléments, mais ce n’est pas non plus un choix anodin. En effet, tout le trait est volontairement gribouillé, exagéré, vif en couleurs ou totalement en noir et blanc, pour donner des impressions et des ressentis plutôt que des illustrations techniques et détaillées. Encore une fois, c’est un choix de style et personnellement, je trouve qu’il va totalement avec le reste de l’ouvrage, mais il va certainement déplaire autant qu’il va séduire.
Donc, dans l’ensemble, on peut déjà dire que ce supplément est fait pour tout sauf l’indifférence, et que si on n’adhère pas aux choix artistiques qui y sont faits, on risque d’avoir du mal à s’enquiller le contenu.
Ce qui vous attend dans les profondeurs
Et le contenu, justement, je vais en parler. Parce que je trouve ce supplément génial, et pas que pour Lamentations of the Flame Princess.
Veins of the Earth part d’une idée simple. C’est celle de revoir le concept de monde souterrain fantastique à travers le prisme de l’émerveillement et de la terreur de la spéléologie et de la géologie, plutôt que de proposer simplement un univers de jeu se situant en sous sol.
Et ça, ça marque tout dans le livre.
Depuis les créatures (parfois plus bizarres les unes que les autres) en passant par les civilisations (décrites de manières très différentes et stylisées, en plus d’être des variations parfois fondamentales sur les exemplaires habituels de D&D) et la topographie, tout est claustrophobique, étranger et potentiellement hostile (si ce n’est par intention, au moins par nature intrinsèque).
Un chapitre entier est consacré à l’usage, les sources et le commerce de la lumière, à la fois denrée vitale, monnaie et système d’initiative dans le dédale des Veines.
Le bestiaire présente les créatures avec des entrées spécifiques pour le son et les odeurs, parce qu’il sera bien plus fréquent d’entendre et de sentir quelque chose avant de le voir arriver dans le maigre halo d’illumination du groupe.
L’inspiration et l’originalité qui transpire de cet écosystème hallucinant est d’ailleurs une mine d’idée pour plus que de simples rencontres ; ce sont des idées d’aventures, voire de campagnes entières, qui peuvent se tisser autour de certaines bestioles parfois.
D’ailleurs, bestioles est un mot à prendre au sens large, tant certaines des entrées du bestiaire peuvent relever davantage du phénomène (plus ou moins) naturel qui va se manifester de manière hautement colorée, et souvent dangereuse, pour les PJs.
Il y a un système dédié, un peu abstrait et très bien pensé, pour créer et gérer la cartographie en trois dimensions de dédales souterrains qui sont tout sauf des couloirs et des escaliers bien droits et praticables… Il peut d’ailleurs être amusant de ne pas le partager avec les joueurs au départ, tant que les personnages n’ont pas l’expérience ou l’enseignement nécessaire pour apprendre à s’orienter sous terre.
Le livre ne fait pas l’impasse non plus sur les ressources que l’on doit gérer, trouver et éventuellement même cultiver dans les cavernes des Veines, et les MJs les plus acharnés pourront même imposer aux joueurs des règles brutales et efficaces sur la santé mentale et sa dégradation loin du soleil et du réconfort de la surface…
Enfin, le livre regorge aussi de petites pépites d’inspiration purement narrative, comme par exemple un petit chapitre très complet sur les différentes formes de ténèbres, autant d’ambiances descriptives qui remplacent pour les habitants du dessous la météo et le rythme circadien.
Et encore une fois, je ne saurais trop appuyer sur la qualité que je trouve à l’ensemble de l’écriture, qui transmet en plus des idées souvent géniales une véritable envie de mettre en scène et de jouer ces profondeurs étrangères, inquiétantes, et merveilleuses.
En bref, l’ouvrage m’a suffisamment marqué pour que je le recommande chaudement à tout anglophone faisant vaguement du médiéval fantastique ; si vous voulez un monde souterrain différent, viscéral et vraiment marquant, ce livre est une boîte à outils indispensable pour repenser votre vision des profondeurs de la terre, et y injecter un peu de nouveauté.
Le fait que l’ensemble soit vraiment profondément jouable, en plus d’être passionnant, est l’argument qui fait pour moi ce supplément définitivement un must.
Voilà.
"...Ce bouquin, malheureusement, n’est pour l’instant disponible qu’en anglais, et je ne crois pas qu’on puisse en avoir une traduction dans un avenir proche ; parce que la gamme dont il fait partie n’a pas encore titillé d’éditeur francophone, et c’est pas forcément sans raison..."
RépondreSupprimerla VF a fait l'objet d'un financement participatif réussie chez BBE debut 2017
la version papier ne devrait plus tarder à sortir en boutique.
Merci beaucoup pour cette info, je mets un edit dans l'article de ce pas !
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